HEHUA

Petit Matin gris

Je sors de l’hôtel, le ciel est gris, la pluie a encore frappé, l’humidité transperce mon corps. C’est l’heure de pointe, chacun, chacune se lance d’un pas précipité sur l’asphalte, je traverse le pont,

Je descends les escaliers pour rejoindre les berges de la rivière LI, la place est déjà bien animée, des femmes et quelques hommes dansent sur une musique au son doux et glissant, d’autres font leur exercices de Qi Gong ou jouent au badminton.

Tandis que je m’engage dans une ruelle aux vieilles maisons de bois et de briques rouges, en un instant je suis transportée dans les temps de la Chine des années 20, tout est au  ralenti autour de moi, je scrute chaque porte, chaque fenêtre, quelques arbres se dressent comme pour servir de parasol au-dessus de certaines maisons. La rue s’éveille, les murs résonnent, une fumée s’échappe d’un  « fourneau » installé sur l’arrière d’un vélo, des galettes de riz se font bronzer au-dessus de charbons ardents, elles seront maquillées par une crème de sésame qui sera  le délice d’un de mes petits déjeuners.

Des scènes s’offrent à moi dans un pur imaginaire, empruntées au romancier chinois Lao She (1899-1966)  « Le Tireur de pousse-pousse » « Luotsuo Xiangzi, le titre chinois se traduit littéralement par : « Xiangzi le chameau », Lao She raconte, avec grande délicatesse et compassion, la vie troublée de Siang-Tse (Xiangzi), jeune paysan honnête tireur de pousse-pousse (année 1920) qui va peu à peu se faire broyer par une société dans laquelle l’argent est roi. Je vous conseille la lecture de ce chef-d’œuvre de Lao She.

Je disais donc que des scènes m’apparaissent dans une brume telle que l’on peut voir au petit matin dans les rues de Lijiang ou dans le roman de Lao She, Les Bao Zi et les Jiao Zi cuisent à la vapeur  dans  leur paniers de bambous, les pousse-pousse se croisent dans la ruelle, les vendeurs de crêpes de riz, de maïs se succèdent, quand  soudainement je reviens à la réalité  par le klaxon des scooters, j’ai failli encore me faire écraser…  et quelques vélos laissent leurs  empreintes sur leur passage sur le pavé humide où se reflètent les silhouettes des minuscules boutiques qui se dressent de chaque côté.

Je presse le pas,  deux vieilles dames assises sur un banc de bois se régalent d’un bol de nouilles tout en chiquant, une autre se lave les dents, un vieux monsieur coiffé d’une casquette bleu mao se traîne péniblement accroché à sa canne de bois. Les gens se pressent ça va dans tous les sens, on s’évite. Sortie de la ruelle les trottoirs sont défigurés à certains endroits, les travaux ne cessent d’éventrer les artères des quartiers de la ville afin d’améliorer l’évacuation des eaux….

A ce sujet un nouveau centre ville est déjà bien avancé dans le sud de Kunming où beaucoup d’administrations ont été déjà déplacées telle que la mairie, l’hôtel principal de police qui se trouvait sur Dongeng Dong Lu, l’université du Yunnan etc… et le marché des plantes qui se trouve maintenant  dans le quartier de LUO SHI WAN, plus rien à voir avec l’ancien marché  où on se rendait par le bus N° 5, tout cela à trois quart d’heure du centre qui ne sera  que l’ancienne ville…. dans très peu de temps.., trois lignes de métro circulent en direction du sud.

Au coin  de la rue, je reprends un raccourci, un chemin artificiel de dalles rectangulaires entre des immeubles au physique de la Révolution culturelle. Le ruban se déroule en pointillés bordé de chaque côté d’herbes folles vertes agrémentées de fleurs mauves qui accompagne son mouvement, laissant derrière les cabanes de fortune de quelques  Sdf, qui chaque matin me salue depuis que  je leur ai donné quelques gâteaux aux petits matins.

Encore des travaux avant de m’engager dans une traverse qui débouchera sur un grand marché populaire. Les étales prennent forme, les vendeurs sont prêts, les premiers acheteurs  sont exigeants dans le choix de la marchandise, on retourne les produits avec délicatesse, on pèse…

après avoir traversé ce premier marché, un bout de route s’impose dans le chaos de la circulation pour retrouver un autre marché, je passe la voies de chemin de fer en laissant vendeur de champignons, de poissons, de légumes chinois, prothésiste dentaire, une couturière. Je passe un petit canal où les moustiques ont trouvé demeure, une belle plante de tournesol contre un mur de brique rouge commence à vieillir.

Une dernière portion de marché où on peut trouver le vendeur de viande, les morceaux sont découpés à la machette courte, une petite fabrique de pâtres de riz, à côté le mari et la femme dans leur atelier recarde un matelas à l’ancienne, tandis que des oies  et des poules aux sons qu’ils émettent,  doivent  sentir l’heure venue de passer dans l’au-delà, dans un contenu d’eau de gros poisson semble faire leurs derniers mouvements….

Dernière ligne droite avant d’arriver à la clinique, des petits restaurants sont assaillis, attablés  sur des tables basses parents et enfants dégustent leur petit déjeuner de Jiao Zi ou de soupe de nouilles où quelques fois je suis installée et je les imite.

Le parcours entre l’hôtel 7days qui se trouve au 87 Qingnian road et la clinique compte une bonne demi heure. A mi chemin du centre ville et de la clinique. De l’hôtel nous sommes à 10’ du parc Emeraude.

Ici le réseau n’est toujours pas facile donc

à très bientôt.